Les Dioscures, une paternité ambiguë

Qui sont les Dioscures ?

Une paternité qui fait débat

Sous le nom de « Dioscures » , on pourrait admettre, selon Homère, que se cachent les enfants nés de Léda et de Zeus:

  • Castor
  • Pollux
  • Hélène
  • Clytemnestre

Si tous ont Léda pour mère, l’identité de leur père fait débat : les sources varient et ne donnent pas une version uniforme de cette paternité :

On trouve parfois que seuls Hélène et Castor sont les véritables Dioscures, ayant Zeus pour Père (Pour en savoir plus sur l’union de Zeus et Léda, consulter notre article ici !) ils sont des demi-dieuxx.

Pollux est parfois rattaché à ce premier groupe mais on retrouve généralement Clytemnestre exclue de la paternité divine.

Leda aurait donc accouché de deux oeufs, l’un incarnant le fruit de ses amours avec Zeus, un autre avec Tyndare.

Pollux est un lutteur habile et précis, Castor  est un guerrier courageux avec le talent de dresser les chevaux d’une manière remarquable : il aurait enseigné sa technique à Héraclès : les deux jeunes garçons sont souvent évoqués ensembles, ils accomplissent de nombreuses épreuves telles que la chasse du sanglier de Calydon, le combat contre Thésée, l‘expédition des argonautes ou encore la bataille contre Idas et Lyncée dans laquelle ils causeront leur perte :  Ils apparaissent ainsi comme les figures des sauveurs et du courage et sont associés à la constellation des gémeaux. Les deux frères se marièrent : Pollux épousa Phoebé qui lui donna un fils, Mnésiléos et Castor eût également un garçon, Anogon, avec sa femme Hilaera.

Hélène est connue pour sa beauté inconstestée – elle se trouve au centre de nombreuses péripéties amoureuses. La première se déroule avec Thésée qui l’enlève pour l’emmener en Attique, elle l’épouse et de cette union naquit Iphigénie – Hélène est sauvée par ses deux frères – Elle se marie ensuite à Ménélas, le roi de Sparte mais Pâris l’enlève, ce qui déclencherai une guerre tragique entre les troyens et les grecs. De son premier mariage avec Thésée naquit Iphigénie, qu’elle confia à sa soeur Clytemnestre, elle eût ensuite Nicostratos, Hermione et Plisthenes avec Ménélas, et Aganos, Corythos, Bunomos et Idaeos avec Pâris.

Clytemnestre est donc souvent reconnue comme étant la fille du roi Tyndare, époux officiel de Léda, et non de Zeus. Son inclusion dans les Dioscures est donc limitée. Clytemnestre eut plusieurs époux, tels que Tantale, Agamemnon et Eghiste, et plusieurs enfants (deux garçons, Oreste et Alétès – quatre filles (Electre, Iphigénie (dont elle à la garde), Erigone et Chrisothémis) – Le premier mari, Tantale, fut tué par Agamemnon, qui constitua son second mari mais en offrant Hiphigénie comme un sacrifice de guerre, elle prend alors Egisthe pour amant et décide de tuer Agamemnon lorsqu’il revient de guerre – Oreste, le fils d’Agamemnon, vengera la mort de son père en tuant sa mère et son amant.

Au delà de la mythologie grecque

Les jumeaux sacrés Castor et Pollux apparaissent dans la mythologie grecque (où l’on peut les trouver sous le nom de Cabires), romaine (où le temple des Dioscures leur est consacré), mais également dans des cultes moins connus du grand public, tels que la mythologie indo-européenne et védique. Le plus souvent, ils sont vénérés comme protecteurs des marins.

Panorama artistique des Dioscures

Leda_and_the_Swan_1505-1510

Léda et le cygne, Cesare da Sesto, 1505, considérée comme une copie d’une oeuvre originale de Léonard de Vinci, Wilston House, RU

Sur cette première oeuvre, Cesare da Sesto choisit de représenter un moment double : en effet, alors que le cygne est sur le point de s’unir à Léda, deux oeufs desquels émergent quatre bambins se trouvent à proximité de Léda : L’artiste choisit donc de représenter le moment de l’union et sa postérité : la naissance des Dioscures. De plus, les deux oeufs distincts rappellent l’attribution complexe de la parenté : on suppose donc un oeuf de Tyndare et l’autre de Zeus – mais les bambins ne sont pas différenciés : on ignore donc s’il s’agit des deux filles dans un oeuf, ou des deux garçons, ou encore d’une mixité.

Statuettes romaines représentant Castor et Pollux, IIIème siècle ap. JC – Metropolitan Museum of Art, New York

Ces statuettes romaines figurent deux hommes en nudité héroïque, ils sont accompagnés d’un cheval et sont reconnaissables grâce à leurs casques de forme conique qui rappellent les oeufs dans lesquels ils sont nés : il s’agit donc de Castor et Pollux. Ce type d’objet reflète la croyance particulière dédiée aux dioscures à Rome : en effet, leur héroïsme inspirent les romains, ce sont de véritables modèles de courage. Cette hypothèse s’accentue également grâce au temple qui leur est consacré à Rome.

Egisthe découvre le corps de Clytemnestre, Charles-Auguste Van den Berghe, 1823

Clytemnestre sur le point de tuer Agamemnon, Pierre- Narcisse Guérin, 1817, Musée du Louvre, Paris

Les représentations artistiques que l’on trouve concernant Clytemnestre sont plutôt sombres : en effet, il s’agit bien souvent d’illustrer les drames tragiques qu’elle a connu, tels que sa vengeance sur Agamemnon ou son meurtre par Oreste. On note toutefois qu’ici, le caractère dramatique est accentué par la présence d’Egisthe, représenté vivant et horifié, découvrant le corps de Clytemnestre, alors qu’il aurait du être tué par son beau-fils.

Hélène de Troie, Par Evelyn de Morgan, 1898, Londres

Hélène de Troie, Par Evelyn de Morgan, 1898, Londres

Hélène est parfois désignée comme Hélène de Troie ce qui l’attribut explicitement à la guerre déclenchée par son amour avec Pâris – Ici, Evelyn de Morgan choisit de la représenter comme elle est perçue par tous, une véritable beauté. Cette beauté résonne par le motif de Vénus au revers du miroir dans lequel elle se regarde – on note également que la posture d’Hélène est similaire à celle de la déesse, sans doute pour insister sur cette beauté qui les caractérise toutes les deux, mais qui constitue également une certaine rivalité. Cette beauté s’accentue par les couleurs délicates de sa robe et du paysage ainsi que les nombreuses fleurs – on note également un couple de petites colombes à l’arrière plan.

Hélène et Pâris, Jacques-Louis David, 1788, Musée du Louvre, Paris

Hélène et Pâris, Jacques-Louis David, 1788, Musée du Louvre, Paris (détail)

Dans cette oeuvre de Jacques-Louis David, la beauté d’Hélène est saisissante – dans son style néoclassique, il représente le couple dans un palais – le lit indique un moment intimé partagé par le couple, tout comme le suggère le vêtement tombant d’Hélène – on note que leurs corps sont sculptés tels des statues – Les drapés rappellent la période Antique.

Ainsi, les dioscures ne constituent pas un ensemble aux yeux des artistes – ils considèrent bien souvent Castor et Pollux comme étant « les véritables dioscures ». Le nom de « dioscures » devient donc essentiellement masculin – Si les deux garçons sont toujours représentés ensembles, Hélène et Clytemnestre constituent des sujets distincts d’une histoire commune, l’une inspirant des sujets galants et romantiques, l’autre des sujets tragiques. 

Article rédigé par Emeline Bernard

Sources :

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