Io, entre l’amour de Zeus et la vengeance d’Héra

Un peu de littérature …

Le choeur des Suppliantes interroge le roi d’ArgosÖèôðîâàÿ ðåïðîäóêöèÿ íàõîäèòñÿ â èíòåðíåò-ìóçåå Gallerix.ru

Le coryphée – Ne dit-on pas qu’il y eut jadis ici, en Argolide, une gardienne du temple d’Hèra, Io ?
Le roi – Oui, sans nul doute : la tradition en est bien établie.
Le coryphée – Un récit ne dit-il pas que Zeus l’aima, bien que simple mortelle ?
Le roi – Et leurs étreintes n’échappèrent point à Hèra.
Le coryphée – Et comment finit la querelle royale ?
Le roi – La déesse d’Argos, de la femme fit une génisse.
Le coryphée – Et Zeus approcha-t-il encore la génisse ?
Le roi – On le dit, sous la forme d’un taureau sailliseur;
Le coryphée – Que fit alors l’opiniâtre épouse de Zeus ?
Le roi – À la génisse elle donna un gardien qui vit tout.
Le coryphée – Quel fut donc ce gardien voyant tout, attaché à la seule génisse ?
Le roi – Argos, fils de la terre, qui fut tué par Hermès.
Le coryphée – Qu’inventa-t-elle alors pour la pauvre génisse ?
Le roi – Un insecte affolant qui pourchasse les boeufs.
Le coryphée – Près du Nil les gens disent « un taon ».
Le roi – Aussi la chasse-t-il d’Argos pour des courses sans fin.

Eschyle, Les suppliantes, v.291-309

Io, fille du Dieu fleuve Inachos est une prêtresse d’Héra, à Argos. Zeus en tombe amoureux, et par la force des mots, il parvient à s’unir à elle sous la forme d’un nuage.  Ovide raconte qu’Héra, l’épouse de Zeus, s’étonne de voir de telles nuées au beau milieu du jour, et ne comprend pas leur provenance : « Ou je me trompe, ou je suis trompée » se dit-elle.

Sur terre, elle fait retirer les nuages mais Zeus s’était méfié de son épouse et avait transformé Io en génisse afin qu’Héra ne lui fasse pas de mal. Cette dernière, sous-estimée de son mari, lui demande de lui confier la génisse, Io. Zeus accepte en espérant ôter les doutes de sa femme. Héra fait garder la précieuse génisse par Argus, un héro puissant, que l’on peut trouver sous le nom d’Argus-au-cent-yeux.

Zeus confie une mission à Hermès : il lui demande d’endormir Argus grâce à sa flûte et de le tuer, ce qu’Hermès accomplie brillamment. Héra décide alors d’envoyer un taon sur les flancs de Io. Cette dernière, tourmentée, s’enfuie et erra sur la terre, jusqu’en Égypte, où elle ne cessa de mugir pour exprimer sa souffrance.

Ovide raconte que Zeus mis fin à l’agonie de son amante en rassurant Héra – Io restera traumatisée de cette métamorphose et eut des difficultés à retrouver la parole.

Les indices de la métamorphose en images …

Paris Bordone, Zeus et Io, 1550, Kunstmuseum, Göteborg

Io et Jupiter, Antonio da Correggio, 1530, Kunsthistorisches Museum, Vienne

Dans les deux représentations du mythe, l’union de Io Zeus métamorphosé en nuage est le moment choisi par les peintres. Antonia Da Correggio propose Io s’abandonnant complètement dans les bras du Dieu, alors que celle de Paris Bordone semble plus distante face à cette union. Les deux peintres ont choisi une manière différente de signifier Zeus et sa métamorphose. Antonio da Corregio figure une nuée sombre dans laquelle se cachent les traits d’un visage. Paris Bordone offre une vision plus riche en indices iconographiques, le mythe est plus facile à reconnaître : en effet, Zeus est représenté à la fois par ses traits humains, sa métamorphose en nuage et son symbole animalier, l’aigle. On note toutefois une différence entre les deux tableaux : Paris Bordone figure Héra, en haut, à gauche du tableau, que l’on peut reconnaître grâce au paon et à l’arc-en-ciel.

Ainsi, cette différence iconographique implique également une différence dans le moment du mythe : Paris Bordone est le seul de ces deux artistes à figurer la future menace d’Héra par son apparition dans l’oeuvre.

Par Emeline BERNARD

Sources

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