Antiope et Zeus

Antiope, en grec ancien Αντιόπη / Antiópê, est un personnage de la mythologie grecque dont on n’est pas sûr de sa paternité. Certains la voient comme la fille du roi de Thèbes Nyctée et Polyxo, d’autres comme dans l’Odyssée d’Homère, pensent qu’elle est la fille du dieu-fleuve Asopos, qui sépare le pays de Thèbes de celui de Platées.

Une femme ravissante…

Antiope, figure importante de la Béotie, était réputée dans toute la Grèce pour sa très grande beauté. Zeus, sous son charme, se rendit au mont Cithéron, où il se transforma en satyre pour s’unir à elle. Effrayée à l’idée que son père apprenne qu’elle était prégnante, et afin d’échapper à sa colère, elle s’enfuie, et fut séduite ou enlevée par Epopeus, empereur de Sicyone, qu’elle épousa.
D’après l’Odyssée d’Homère, elle se glorifia de cette relation avec Zeus, alors que d’autres témoignent d’un viol plus que d’une relation consentante.
Les Thébains, ayant pris les armes, allèrent à sa poursuite, et il y eut un combat dans lequel Nyctéus fut blessé, et où Épopéus ressortit victorieux quoique légèrement affaibli. De retour à Thèbes et avant de mourir, il apprend la naissance imminente des enfants de sa fille. Il demande à son frère Lykos d’aller punir Antiope et de la ramener. Nyctée, mourant, remit à son frère Lykos toute l’autorité qu’il avait sur Thèbes et le conjura d’aller venger sa mort avec une armée considérable.
Lykos devint alors un puissant polémarque régent de Thèbes pendant vingt ans, et s’en alla conquérir Sicyone, où il finit par siéger. Il n’eu pas besoin de faire la guerre : Épopéus mourut aussi lui-même, quelques temps après, des suites de sa blessure qu’il avait négligée dans les premiers moments. Lamédon, fils de Coronus et successeur d’Épopéus, délivre Antiope à Thèbes, où elle fit emprisonnée.

…découverte par un Zeus métamorphosée en satyre

Antiope et Zeus, Titien, peinte entre 1535-1540, retravaillée en 1560

Exposé au Musée du Louvres, et également appelé La Vénus du Pardo, ce tableau est sujet à plusieurs interprétations. Titien offre ici une de ses premières représentations de la mythologie, ici pour le roi d’Espagne Philippe II, et destinée à être exposée au chateau du Pardo, près de Madrid. Ce tableau, tout de long et grandeur nature, offre une vue sur la forêt, des chasseurs, des nymphes et des satyres.

Certains y voient bien plus qu’une représentation d’Antiope et Zeus, ici apparaissant en satyre, et parlent d’une allégorie de l’Homme et la forêt. En premier plan apparaissent à gauche des chasseurs, dont l’un semble pointer du doigt la curée, ou un couple en arrière plan. Avec les chasseurs se trouve une femme, bien vêtue et parée, assise, et semblant écouter attentivement un chasseur devenu satyre. Le cadre de la forêt transforme ainsi ce chasseur de gibier en séducteur. À droite, séparés par un arbre et offrant un cadre d’intimité, l’on retrouve les présumés Antiope et Zeus. La première, les yeux clos se laisse, dans un consentement muet, dévêtir par Zeus alors transformé en satyre par la forêt. Surplombant la scène, un Cupidon pointe sa flèche en direction de ce couple s’apprêtant à passer à l’acte. Aussi la flèche rappelle immanquablement la « chasse », symbolisant la séduction.

D’autres ne manqueront pas de mentionner l’aspect chronologique de ce tableau, représentant trois scènes bien distinctes: à gauche, la séduction; à droite la consommation, et en arrière plan la curée, mettant ainsi en opposition brutale l’avant et l’après.

Zeus et Antiope, par Antoine Watteau, vers 1715

 

Article rédigé par Soraya.

Sources:

Ganymède et Zeus ou la « législation » antique de la pédérastie grecque

Ganymède est le fils du roi Tros (qui donna son nom à la ville de Troie) et de la nymphe Callirhoé (fille du dieu fleuve Scamandre). D’autres auteurs grecs nous disent que son père est Laomédon ou Ilos ou encore Erichthonios. Plus bel homme vivant sur Terre, il devint, grâce à Zeus, l’échanson des Dieux. C’est le seul de la longue liste des amours de Zeus qui eut le privilège de monter vivre, avec lui, sur l’Olympe. Il est parfois désigné comme le dieu de l’amour homosexuel.

Un mythe déchainant les passions et les interprétations

Son histoire nous est parvenue par plusieurs auteurs antiques (Apollodore, Hygin, Ovide, Pausanias etc) mais la plus grande part provient du livre V et XXX de l’Iliade. Homère nous dit que ce jeune prince était connu de par le monde grâce à sa beauté qui égalait le divin. C’est pour cette raison qu’il fut enlevé par Zeus pour devenir l’échanson des dieux. C’est son aigle (ou Zeus en personne transformé en aigle) qui accomplit le rapt alors que Ganymède était tranquillement installé au sommet d’une verte colline. En effet, Ganymède, d’après les textes antiques, était soit un berger, soit un chasseur, ce qui explique le fait qu’il est souvent représenté avec un ou plusieurs chiens. En échange de l’enlèvement, Trop, le père de Ganymède, reçu d’Hermès au nom de Zeus, un cep de vigne ou une coupe en or, réalisée par Héphaïstos, et deux belles juments immortelles (qui avaient, autrefois, été promises à Héraclès pour sauver Hésiode, la fille de Laomédon). De plus, Ganymède atteint l’immortalité, la jeunesse éternelle, et il était désormais à l’abri de tous les malheurs terrestres. Les fonctions de Ganymède sur l’Olympe nous sont données par Homère : il chante des chansons aux dieux et leur sert le rouge nectar.

Pendant l’époque hellénistique, ce mythe attire les poètes, c’est à Rome qu’il occupera une place importante. Virgile parle de Ganymède dans l’Eneide, Horace dans ses Odes ou encore Properce dans ses Elégies mais surtout Ovide dans ses métamorphoses et dans ses fastes.

Une courte vidéo en anglais très intéressante, expliquant le mythe et son impact dans l’imaginaire homosexuel. Pour en savoir plus cliquez ici !

Ganymède et l’astrologie

Ovide dans ses fastes nous dit que Ganymède est la personnification du signe du Verseau. Plus tard il donnera son nom à la constellation du Verseau, placée à côté de celle de l’aigle, désignant Zeus. A la Renaissance, Galilée fut le premier à observer, à l’aide de sa lunette astronomique, les quatre plus gros satellites de Jupiter qu’il nommera les « lunes médicéennes » en honneur à la famille Médicis. Au début du XVIIe siècle, Simon Marius proposa plutôt de donner à chacune d’elles, le nom d’une des conquêtes de Jupiter/ Zeus. C’est cette proposition qui nous resta avec le nom actuel de Jupiter III Ganymède, satellite naturel de Jupiter.

Image illustrative de l'article Ganymède (lune)

Vue du satellite Ganymède prise depuis la sonde Galiléo. (Pour plus d’informations, cliquez sur l’image).

Zoom sur la pédérastie grecque

Le terme de pédérastie se compose du grec ancien pais  signifiant « enfant » et erastes signifiant « amoureux ». Il s’agissait donc dans l’antiquité du désir amoureux d’un homme adulte pour un jeune garçon qui s’accompagner de pratiques sexuelles (à ne pas confondre avec la pédophilie qui a la même racine grecque).

La pédérastie était une sorte d’initiation et de rituel de passage entre l’âge de l’enfance et l’âge adulte. Les plus jeunes étaient choisis (souvent pour leur beauté) par des hommes mûrs, appelés « érastes « , qui leur apprenaient, selon eux, ce que tout bon grec devait connaître. Cette initiation se devait être aussi bien philosophique, poétique, scientifique ou littéraire que sexuelle. Comme l’éphébie grecque préparait l’adolescent à être un bon citoyen, la pédérastie préparait l’éromène (l’adolescent, entre 12 ans et l’apparition de la première barbe) à être un homme bon et virilUne fois son éducation terminée, l’éromène prenait une femme et devenait plus tard éraste à son tour.

Cette pratique trouvait sa légitimité dans les textes mythologiques à l’instar du mythe de Zeus et Ganymède. Les interprétations diffèrent quant aux relations sexuelles possibles entre les deux protagonistes. Très tôt on leur a imaginé un amour passionnel homosexuel, ce qui explique le nom latin de Ganymède, Catamitus qui donnera le mot catamite (jeune libertin).

C’est pour cette raison que Ganymède a souvent été considéré comme le dieu de l’amour homosexuel.

Le mythe dans les arts :

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Callisto trompée par Zeus

Callisto, comme son nom grec Kallistê (« la plus Belle ») l’indique, est la plus belle des nymphes (d’après Hésiode). Nous ne sommes pas sûr de sa parenté, on lui attribue comme père Lycaon ou Nyctée ou encore Cétée (d’après le livre III, 8,2 d’Apollodore). Callisto était une chasseresse suivante d’Artémis (déesse de la chasse), qui comme toutes les autres, avait fait vœu de chasteté éternelle. Compagne de chasse et chasseresse préférée de la déesse, elle arborait les mêmes vêtements et avait les mêmes goûts qu’elle.

Les métamorphoses d’Ovide ou la genèse du mythe :

Le mythe trouve ses sources, comme toutes les métamorphoses de Zeus, dans le livre phare d’Ovide au livre II vers 401 à 496. Il nous raconte que Jupiter lors de ses venues sur Terre, et notamment en Arcadie, croisa le regard de la Belle Callisto et en tomba éperdument amoureux. La jeune chasseresse préférait sa déesse au Dieu de dieux, Zeus décida donc de se transformer en Artémis pour la séduire. Il s’approcha alors de Callisto et l’embrassa passionnément, peut-être un peu trop pour la déesse de la chasteté pensa alors Callisto. Zeus métamorphosé en profita alors pour l’éteindre et ainsi trahir sa masculinité. Callisto se débattue de toutes ses forces, mais ne put rien faire contre le Dieu des dieux. Elle se retrouva donc, honteuse et souillée, à porter l’enfant de ce dernier en son sein. Les lunes passèrent et au bout de la neuvième, Artémis demanda à sa suite de prendre un bain nu avec elle. C’est à ce moment-là que la grossesse de la Belle fut dévoilée. La déesse furieuse et se sentant trahie, chassa alors la fautive. Un enfant, du nom d’Arcas, naquit de cet union (il deviendra le héros national des acadiens). C’est alors qu’Hera, la femme jalouse de Zeus, intervint et la punit en la transformant en Ourse. Selon Hyginus, c’est Artémis elle-même qui la transforma pour la punir d’avoir rompu ses vœux de chasteté. (Suite du mythe dans l’histoire de son fils Arcas). Pour plus d’informations sur le mythe, vous pouvez également consulter le site de la Bibliotheca Classica Selecta qui a traduit et commenté le texte complet des métamorphoses d’Ovide.

Focus artistique sur les deux scènes maîtresses du mythe :

Nous allons nous pencher sur deux passages en particulier : celui de l’union doublement défendu entre Callisto et Zeus et celui de la découverte du péché par la déesse de la chasse et de la chasteté. Lire la suite

Europa et le taureau blanc

Qui est Europa ?

Europa est une princesse phénicienne (terre actuelle du Liban) , fille d’Agénor, roi de Tyr et de Téléphassa.

Les métamorphoses d’Ovide racontent que Zeus tombe amoureux de la jeune princesse et pour échapper à la jalousie d’Héra, il se métamorphose en taureau blanc afin de l’approcher sans faire peur à Europa. Il demande alors à Hermès, le dieu messager, de conduire la princesse et ses compagnes non loin du palais, sur la plage de Sidon. La princesse à la vue du splendide animal, commence à jouer avec lui et le chevauche. Le taureau enlève la princesse, saute dans la mer en nageant jusqu’à l’île de Crète à Gortyne. Ici même, Europe s’accouple avec Zeus qui prend l’apparence humaine.

De leur union naissent Minos et Rhadamanthe (juge des enfers) et Sarpédon, un grand guerrier. Ensuite, Europe est donnée comme épouse au roi de la Crète, Astérion. Minos, Sarpédon et Rhadamanthe furent les fruits de cette union.

 Et du côté artistique ?

L’Enlèvement d’Europe par le Titien (1559-1562). Image prise sur Wikipédia.

 

Le thème de « l’enlèvement d’Europe » a inspiré de nombreux artistes à travers les siècles, notamment le peintre Titien au Cinquecento. Il représente Europe et Jupiter suivis par les amours dont l’un d’entre eux dans l’eau chevauche un dauphin. Le taureau est orné d’une guirlande de fleurs. Les vêtements d’Europe sont des drapés transportés par des vents. Elle essaye vraiment de s’agripper sur le taureau et de trouver son équilibre. Ovide ou d’autres auteurs racontent les mythes d’Europe. Le tableau de Titien est original car Europe n’a jamais été représentée ainsi car elle est allongée sur l’animal dans une position dépourvue de grâce. Les choix de Titien d’attribuer cette pause soulignent l’état d’âme d’Europe: la peur. Il représente les moments de la fable où Ovide dit que « Europe est prise par la peur ». Son visage est caché par l’ombre de son bras mais on voit qu’elle regarde vers les amours qui la suivent. Elle tient avec une main la corne pour se tenir et l’autre lui protège le visage : c’est une invention de Titien. Pour lui cette Europe avec sa main droite tient le voile, et ce motif est utilisé pour montrer que l’Europe essaye de se protéger des Cupidons. La princesse n’est pas consentante.

Enlèvement d'Europe, Felix Vallotton, 1908 Huile sur toile - 130 x 162 cm © Kunstmuseum - Berne

Enlèvement d’Europe, Felix Vallotton, 1908 Huile sur toile – 130 x 162 cm © Kunstmuseum – Berne. Image prise sur Wikipédia.

Felix Vallotton, Enlèvement d’Europe: Elle est montrée de dos et c’est une volonté de rompre avec une tradition iconographique qui n’a pas changé au fil des siècles.

L' enlèvement d'Europe, François BOUCHER, Musée du Louvre, Paris

Enlèvement d’Europe, François BOUCHER, Musée du Louvre, Paris. Image prise sur Wikipédia.

François Boucher, L’enlèvement d’Europe: Europe est entourée par des créature marines, sur le taureau, avec des jolies femmes déshabillées. Il permet aux spectateurs de reconnaître le sujet en représentant l’aigle dans le nuage, l’attribut de Jupiter.

Article par Alexandra

Danaé et la pluie d’or

Qui est Danaé ?

Danaé est la fille d’Acrisios, roi d’Argos et d’Eurydice. Le mythe raconte que Acrisios enferme Danaé dans une tour après avoir consulté un oracle qui annonce au roi qu’il sera tué par son petit fils. Il l’enferme pour que cette dernière ne s’accouple jamais avec un homme et ne donne jamais naissance à une descendance.

Cependant Zeus tombe amoureux de la jeune princesse. Pour échapper à l’œil jaloux de sa femme légitime Héra et pénétrer dans cette tour, Zeus se transforme en pluie d’or. Ainsi, il pénètre la tour et s’accouple avec Danaé. Danaé donne naissance à Persée. Effrayé, Acrisios emmène sa fille et son petit fils, Persée, sur un navire et les abandonne sur l’île Sérifos. Accueillis par le roi Polydecte, Danaé est forcée d’épouser ce dernier. Une fois que Persée est devenu un homme, Polydecte voit en lui une menace pour son mariage avec Danaé et l’envoi combattre la Méduse. Persée revient vainqueur avec la tête de Méduse et transforme Polydecte en pierre avec la tête mortelle de la gorgone et réussit à ramener sa mère à Argos. Il tue ensuite son grand père pour les avoir abandonner. L’oracle avait donc prédit vrai.

Et du côté artistique ?

Danaé, 1544. Tiziano Vecellio 120 cm × 172 cm. National Museum of Capodimonte, Naples

Danaé, TITIEN,1544, 120 cm × 172 cm. National Museum of Capodimonte, Naples. Image prise sur Wikipédia.

Le thème de la pluie d’or est très souvent représentée notamment par  Titien. Au Moyen-Age, ce mythe a surtout une connotation morale, double. Pour certains, Danaé représente la chasteté car inaccessible et Jupiter est le corrupteur. Cette pluie d’or va ‘’acheter’’ Danaé. Nous pouvons voir dans cette première version de Titien, Danaé allongée sur son lit, nue, le regard porté vers les gouttes d’or qui tombent du haut. Sur son visage se lit le plus grand calme: elle est prête à s’unir à la pluie d’or. A ses côtés, un amour, qu’on aperçoit à droite.

Danaé et la nourrice qui reçoit la pluie d'or , TITIEN, 1553-54

Danaé et la nourrice qui reçoit la pluie d’or , TITIEN, 1553-54. Image prise sur Wikipédia.

Dans la deuxième version du Titien, envoyée à Philippe II d’Espagne, on voit une servante qui accueille la pluie d’or : il y a un jeu d’opposition : la beauté juvénile de Danaé et la laideur de la servante, la blancheur de Danaé et la peau brunie, les muscles de la servante et la fluidité de Danaé. La servante porte des clefs sur sa ceinture, c’est donc la gardienne de la tour dans laquelle Danaé est emprisonnée. Ce personnage devient le symbole de l’avidité et de la mesquinerie humaine. Titien place un petit chien, en bas à gauche de la composition, symbole de fidélité.

Article par Alexandra

Maïa

Qui est Maïa ?

 

Les Pléiades (1885) par le peintre symboliste Elihu Vedder. Image prise sur Wikipédia.

Les Pléiades (1885) par le peintre symboliste Elihu Vedder. Image prise sur Wikipédia.

 

Il y a, dans la mythologie grecque, sept Pléïades. Elles sont toutes sœurs et filles du Titan Atlas et l’Océanide. La sœur aînée, Maïa, est celle à qui nous allons nous intéresser.

Elle sera séduite par Zeus, elle donnera naissance à Hermès, le dieu messager.

Plus tard, Hermès va confier à sa mère Arcas, fils de Zeus et d’une de ses nombreuses conquêtes, la nymphe Callisto, afin qu’elle l’élève en cachette de Héra. En effet, son nom signifie « petite-mère ».

 

Article par Alexandra

Alcmène trompée par les apparences

La ruse de la métamorphose humaine

Alcmène est une princesse, fille du roi de Mycènes, Electryon. Elle épousa Amphitryon à condition que ce dernier venge ses frères tués par les taphiens lors du vol de leurs troupeaux. Pendant l’absence de son époux, Zeus, épris de la beauté d’Alcmène, décide de s’unir à elle sous la forme de son époux qu’elle croit revenu victorieux.

Une double naissance

Cette union donne naissance à Iphiclès et Héraclès, ce dernier étant plus connu sous le nom d’Hercule. La légende a pour tradition d’attribuer le premier fils à l’époux légitime d’Alcmène et le second à l’amant. Heraclès semble donc issu d’une naissance divine.

La vengeance d’un époux jaloux

Apprenant l’infidélité de sa femme, Amphitryon décide de la condamner au bûcher, mais alors que les flammes se déclenchent, Zeus vient au secours de son amante et déclenche une pluie qui la sauve de ce supplice. Elle restera aux côtés de son mari jusqu’à sa mort après laquelle elle décide d’accompagner ses fils vers leurs destins héroïques.

La prédominance de la naissance comme épisode représenté par les artistes

Le moment choisi par les artistes pour représenter cet amour n’est pas la liaison entre les deux personnages en lui même mais plutôt, ce qui en résulte, Iphiclès et Héraclès. Ainsi, c’est ce moment de la naissance que l’on retrouve dans les rares représentations du mythe.

L’accouchement d’Alcmène, par Virgil Solis, Francfort, vers 1580 illustration pour les Métamorphoses d’Ovide, Livre XI

Par Emeline BERNARD

En savoir plus sur

Alcmène mais ici aussi

Amphitryon 

Olympias, entre mythe et réalité

Un personnage historique

Olympias est la fille d’un Roi d’Epire et épouse de Philippe II de Macédoine au IVème siècle avant notre ère.  Cette prêtresse de Zeus n’est donc pas un personnage mythologique comme la plupart des autres amours.

En savoir plus sur l’histoire d’Olympias

Une filiation ambiguë

De cette union naîtra Alexandre le Grand. Les comptes populaires du IVème siècle de notre ère racontent qu’Alexandre ne serait pas le fruit de l’union de Philippe et Olympias, mais de Zeus et Olympias.

Ces récits qui ont bercé l’enfance d’Alexandre se fondaient eux même sur des rumeurs : Olympias aimait dormir avec les serpents, ce qui entraîna l’idée d’une infidélité avec Zeus métamorphosé en reptile.

Alexandre se trouva donc le fils d’une mortelle, et de deux pères, un souverain terrestre, Philippe II, et un souverain céleste, Zeus. Cette légende sera pour lui un instrument de pouvoir, légitimant sa primauté sur le terrain politique.

Jupiter et Olympias, par Giulio Romano, Fresque du palais du Té, Mantoue, vers 1530

Cette fresque du Palais du Té à Mantoue est l’oeuvre de Giulio Romano, élève de Raphaël : l’oeuvre s’érige comme une fresque monumentale ornant la salle des amours. Le thème pictural correspond donc au thème du lieu.

Giulio Romano choisit donc de représenter Olympias nue et allongée sur un divan tandis que Zeus, métamorphosé en monstre marin, mi-homme, mi-reptile, chevauche la mortelle. L’artiste choisit le moment ultime de l’union, mis en évidence par le sexe apparent du dieu et la jambe d’Olympias calînant son buste. Le couple est prêt à s’unir.

L’aigle, animal attribut du Dieu, est présent, et il semble aveugler le regard de l’homme sur la droite, qui entre curieusement dans la composition : cet homme est le mari d’Olympias, Philippe II.

Derrière cette scène aux allusions explicites se cache beaucoup de tendresse : Olympias regarde admirativement Zeus qui esquisse une caresse sur son visage, ce qui contraste avec sa virilité affirmée.

On note la proximité du couple avec le regardeur : en effet, Giulio Romano fait dépasser la main d’Olympias sur le cadre de l’oeuvre, cadre décoré d’écailles, ce qui n’est pas sans rappeler la transformation de Zeus.

Cette oeuvre de Giulio Romano donne ainsi une dimension visuelle à cette légende hellénistique

Par Emeline BERNARD

sources :

En savoir plus sur …

L’histoire d’Olympias

La fresque de Giulio Romano

Alexandre le Grand 

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Io, entre l’amour de Zeus et la vengeance d’Héra

Un peu de littérature …

Le choeur des Suppliantes interroge le roi d’ArgosÖèôðîâàÿ ðåïðîäóêöèÿ íàõîäèòñÿ â èíòåðíåò-ìóçåå Gallerix.ru

Le coryphée – Ne dit-on pas qu’il y eut jadis ici, en Argolide, une gardienne du temple d’Hèra, Io ?
Le roi – Oui, sans nul doute : la tradition en est bien établie.
Le coryphée – Un récit ne dit-il pas que Zeus l’aima, bien que simple mortelle ?
Le roi – Et leurs étreintes n’échappèrent point à Hèra.
Le coryphée – Et comment finit la querelle royale ?
Le roi – La déesse d’Argos, de la femme fit une génisse.
Le coryphée – Et Zeus approcha-t-il encore la génisse ?
Le roi – On le dit, sous la forme d’un taureau sailliseur;
Le coryphée – Que fit alors l’opiniâtre épouse de Zeus ?
Le roi – À la génisse elle donna un gardien qui vit tout.
Le coryphée – Quel fut donc ce gardien voyant tout, attaché à la seule génisse ?
Le roi – Argos, fils de la terre, qui fut tué par Hermès.
Le coryphée – Qu’inventa-t-elle alors pour la pauvre génisse ?
Le roi – Un insecte affolant qui pourchasse les boeufs.
Le coryphée – Près du Nil les gens disent « un taon ».
Le roi – Aussi la chasse-t-il d’Argos pour des courses sans fin.

Eschyle, Les suppliantes, v.291-309

Io, fille du Dieu fleuve Inachos est une prêtresse d’Héra, à Argos. Zeus en tombe amoureux, et par la force des mots, il parvient à s’unir à elle sous la forme d’un nuage.  Ovide raconte qu’Héra, l’épouse de Zeus, s’étonne de voir de telles nuées au beau milieu du jour, et ne comprend pas leur provenance : « Ou je me trompe, ou je suis trompée » se dit-elle.

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Léda et le cygne

Un mythe, plusieurs sources

Le mythe des amours de Zeus et Léda n’est pas uniforme : en effet, différentes interprétations sont données selon les sources telles que les Métamorphoses d’Ovide ou la Bibliothèque d’Apollodore.

Léda est la fille de Théstios, Roi d’Etolie et sa femme, Eurythémis. Elle est mariée à Tyndare, Roi de Lacédémone.

Les sources sont unanimes concernant les parents et l’époux de Léda, mais c’est le moment crucial de son union avec Zeus qui semble varier.

  • Zeus veut s’unir à Léda et demande l’aide d’Aphrodite : cette dernière se transforme en aigle, et Zeus en majestueux cygne : une poursuite commence, et Léda, à la vision du Cygne terrorisé par la présence de l’aigle, ne peut s’empêcher d’accueillir le cygne dans ses bras, lequel en profite pour s’unir à elle.
  • Il est parfois question d’un aigle poursuivant Zeus métamorphosé en cygne, mais face à la puissance du Dieu et sa véritable apparence, on peut douter d’une telle situation d’infériorité.

Bien que la balance semble peser vers la première hypothèse, dans tous les cas, la ruse se transforme en étreinte amoureuse. La séduction de Léda par le Cygne est suggérée mais non explicite. En revanche, il est affirmé que l’union se déroule près du fleuve de l’Eurotas.

De cette union vont naître les Dioscures, Castor et Pollux, Hélène et Clytemnestre dont la paternité fera débat, entre Zeus et le Mari légitime de Léda.

Un récit opportun à une variété d’interprétations artistiques

Ce mythe reste simple et ne joue pas dans les détails : cela permet aux artistes une marge d’interprétation considérable. Afin de rendre compte de cette part de liberté accordée aux artistes par le récit, nous nous concentreront sur un corpus de quatre oeuvres.

  • Léda et le Cygne de Véronèse, 1585, Musée Fesch, Ajaccio 
  • Léda et le Cygne de François Boucher, 1742, Collection privée
  • Léda et le Cygne, de Albert-Ernest Carrier-Belleuse, 1870, Metropolitan Museum of art, New York
  • Léda et le Cygne de Paul Cézanne, 1880, Barnes Foundation, Phildelphia

Léda et le cygne, Carrier-Belleuse, 1870

Léda et le cygne, Paul Cézanne, 1880

Léda et le Cygne, Véronèse, 1585

Léda et le cygne, François Boucher, 1742

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